SOEUR CLERY : Extrait d’une lettre du 23 décembre 1916 à la Supérieure Générale
Lettre de Soeur Cléry
Extrait de la lettre de soeur CLERY, de Vitry-le-François,
à la Très Honorée Mère MAURICE.
23 décembre 1916.
Ma Très Honorée Mère,
La grâce de de Notre-Seigneur soit avec nous pour jamais
Je vous ai promis le récit de mon voyage sur « le front », ce « front » illustre, navrant et glorieux où se jouent les destinées de la France.
[…]
Quittant cet asile de misères, nous allons plus loin encore, au Château-Navel. Là, c’est l’abomination de la désolation et l’excès de la souffrance nous fait désirer de plus en plus la présence et les soins de nos sœurs. Le médecin-chef les réclame. II y a toute une salle de gangrénés qui râlent et vont mourir. Quelques infirmiers-prêtres seulement, qui ne suffisent pas à toutes les tâches. Le charbon manque, la lumière manque, les bras manquent ; c’est navrant. Les majors pleurent leur impuissance devant tant de détresse.
Malgré l’heure avancée, nous nous dirigeons cependant vers Froidos pour y surprendre la bonne sœur Rosnet et ses compagnes, en train de souper en faisant pieusement la lecture de table. Surprise, émoi, contentement, feu croisé de questions et de réponses. Visite de quelques salles toutes très bien tenues. Pas de blessés en cette formation, rien que des contagieux.
Il est neuf heures quand nous regagnons Souilly qui est le centre hospitalier où se tient le gros de la communauté, trois sœurs!
[…]
Source : Annales de la Congrégation de la Mission – Volume 82 – 1917