8 mai 1915 : Note du Général Duchêne sur le 32ème Corps
Note du Général Duchêne sur le 32ème Corps d’Armée
32ème CORPS D’ARMÉE.
ÉTAT-MAJOR.
N°2514/D1
N°5118.
8 mai 1915
Note sur le 32ème Corps d’Armée.
Depuis son arrivée en Argonne, le 15 janvier, le 32ème Corps a perdu par le feu plus de 18.000 hommes, dont 4 628 tués. Il a évacué 11.000 hommes environ et a eu près de 6.000 petits malades ou blessés non évacués.
Les combats incessants qu’il a dû livrer depuis 4 mois n’ont pu être soutenus qu’au prix d’efforts considérables, entraînant une fatigue réelle, sensible surtout chez les gradés.
40ème Division:
La 80ème brigade, qui tenait le front de Bagatelle, a été particulièrement éprouvée. Elle a pu maintenir l’ennemi sans parvenir à prendre sur lui un ascendant marqué. Il a été nécessaire de la relever pour la remettre dans un secteur plus tranquille.
La 79ème brigade occupant un secteur moins troublé est dans un état relativement bon.
42ème Division:
Les troupes de cette division sont parvenues dans des conditions les plus difficiles à dominer l’adversaire.
Il a été jugé possible de leur demander encore plus, en leur confiant le front de Bagatelle.
Mais ces luttes journalières, qui obligent trop fréquemment à alerter les réserves compromettent souvent le jeu régulier des relèves.
Les séjours aux tranchées, sous les bombes qui éclatent, sur les mines qui sautent, produisent un état physique nerveux qui doit retenir l’attention, d’autant plus que les cantonnements ne sont pas à l’abri des bombardements.
La brigade coloniale est dans un état relativement bon, mais le recrutement des hommes n’a pas permis jusqu’ici de pouvoir l’engager de suite sur une partie du front, où les conditions de la lutte sont si particulières.
Le 32ème Corps continuera à remplir sa mission. Mais il faut envisager dès maintenant la nécessité qu’il y aurait à faire une relève au moins partielle, si les mesures prises ou en cours restaient insuffisantes, et si, comme tout le fait supposer, la lutte continue avec la même âpreté.
La mise à la disposition du 32ème C. A. d’un régiment ou de 2 à 3 bataillons de chasseurs, permettrait le repos des éléments les plus éprouvés, en même temps que la possibilité d’exploiter, à un moment donné, un succès sur son front.
L’état sanitaire reste malgré tout satisfaisant et il est à penser qu’il se maintiendra tel, si la fièvre typhoïde ne prend pas un caractère épidémique parmi nos troupes non vaccinées, qui n’ont pu l’être, faute du répit nécessaire. –
DUCHENE.
A M. le Général Commandant la IIIème Armée.
Source : Les Armées Françaises dans la Grande Guerre – Tome 3 – Annexes Volume 1 – p 242