Poême : La forêt d’Argonne – Maurice BOIGEY
La forêt d’Argonne
Emouvante forêt, qu’avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes,
Tes doux Sylvains ont fui, cédant la place aux hommes,
Qui sèment autour d’eux la douleur et l’effroi,
Vieux arbres mutilés, dont s’inclinent vers moi
Les lamentables bras, jadis dressés en dômes,
Ah ! Parlez – Rappelez aux soldats que nous sommes,
Le canon de Valmy et la fuite d’un roi,
Vous avez partagé nos peines et nos joies.
Des fauves, à vos pieds, ont déchiré leurs proies ;
Vous fûtes les témoins de nos rudes efforts.
On dit que chaque nuit, le tragique silence,
De la forêt d’Argonne est troublé par nos morts
Qui râlent par milliers et réclament vengeance.
Maurice BOIGEY
Source : AD Meuse – Le Bulletin Meusien du 2 septembre 1915