Poême : La ballade des poilus – A. Rameau

La ballade des poilus

 

Ce sont les poilus de l’Argonne,

La pipe au bec et les yeux fous,

Et dont l’allure vous étonne !

Ils viennent d’où l’on se tamponne.

Ce sont les poilus de l’Argonne,

Tous plus maigres que des coucous,

Sous leurs haillons couverts de poux,

Et souriant sous leurs poils roux.

Ce sont les poilus de l’Argonne,

La bouffarde au bec, les yeux fous !

 

Ce sont les poilus de l’Argonne,

Renfrognés comme des hiboux ;

Mais, au fond de leur âme chantonne

Avec le cuivre qui claironne.

Ce sont les poilus de l’Argonne,

De gloire leurs vieux cœurs sont saouls !

Leurs flingos, précieux joujoux,

Seuls leur font faire les yeux doux.

Ce sont les poilus de l’Argonne,

Renfrognés comme des hiboux !

 

Ce sont les poilus de l’Argonne,

Qui vont se battre en casse-cou ;

Leur œil est vif, leur front rayonne.

La mitraille les environne,

Ce sont les poilus de l’Argonne.

« Tant mieux ! nous ferons des jaloux,

« Tout le boulot sera pour nous ;

«  Ca va, crient-ils, c’est dans nos goûts ! »

Ce sont les poilus de l’Argonne,

Qui vont se battre en casse-cou.

 

Ce sont les poilus de l’Argonne,

Peuples, qui vont mourir pour vous !

Ils vont, sous le canon qui tonne,

Ecraser la horde teutonne.

Ce sont les poilus de l’Argonne,

Et courant au-devant des coups,

Ils vont déterrer de leurs trous,

La louve germaine et ses loups !

Ce sont les poilus de l’Argonne,

Peuples, qui vont mourir pour vous !

 

                                                 A. RAMEAU

 

Source : AD Meuse – Le Bulletin Meusien du 10 juin 1915

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