POEME : Nos Moineaux – René MARTIN
Nos Moineaux
Une grande volée d’insouciants moineaux
Est venue se poser en dépit de la guerre
En un coin trop fameux où règnent les fléaux
Déchaînés par les boches en un beau coin de terre.
Ils savaient bien, pourtant, les pauvres oiselets
Que les grands vents d’Argonne emportent la mitraille,
Que les maisons meurtries où pendant les volets
Sont vides d’habitants qui couchent sur la paille.
Et cependant, joyeux, ils sont demeurés là,
Chantant des ritournelles au sortir des tranchées,
Réconfortant un peu les poilus qui sont las
Bref, ces petits oiseaux nous avaient enchantés.
Mais, il suffit hélas, d’un criminel obus
Pour que ceux qui avaient soulagé nos souffrances
Soient pleurés de nous tous, pourtant rudes poilus
Et ne puissent avec nous chanter la délivrance.
Souvenir d’Argonne (1915)
René Martin
Source : Le Bulletin Meusien du 10 novembre 1916